Le soleil est revenu en cette fin de semaine, et il brille toujours aussi fort au dessus de nos têtes, et dans nos cœurs.
Jamais je n’aurai pensé avoir une telle confiance en un cheval. Jamais je n’aurai pensé retrouver une telle confiance dans les chevaux. Mes accidents de cet hiver, la mort d’Hasta Siempre, les sautes d’humeurs et la violence de Vega à cause de sa maladie, tous ces tristes évènements, à l’aube de la réalisation de mon rêve, avaient provoqué chez moi des sentiments très douloureux et paradoxaux. D’un coté, mon rêve commençait à exister, j’étais enfin propriétaire, après ces longues années d’attente et d’impatience…d’un autre coté, j’étais sous l’emprise d’une peur panique de monter, de me faire tuer, de voir mourir un animal… chaque esquisse d’un geste brusque me faisait craindre un accident mortel, chaque tension dans les muscles et j’imaginais me faire embarquer en saut de moutons sur une furie sauvage qui n’aurait qu’un but : me détrôner et me rendre invalide ou défigurée… ou morte.
Jamais je n’avais ressenti une telle peur, incontrôlable et indomptable…en parallele, jamais je ne les autant aimés… j’avais besoin d’eux…
Je ne voulais plus monter Vega. Plus jamais. Il me faisait peur. Et malgré tout l’amour que je lui portais, tous les soins que je lui prodiguais, je ne sentais pas de connexion entre nous et mon cheval était malheureux.
Le changement de pension nous a sauvés. Il a sauvé ma relation avec Vega d’abord, puis avec les chevaux en général. Deux changements majeurs : le premier, Vega. Il s’est posé. Il s’est rapidement calmé, le changement a été radical. Il est devenu câlin, et notre complicité a commencé à s’afficher au grand jour. Plus il me respectait, plus je lui proposais d’initiatives « risquées », nous sommes devenus de plus en plus proches, nous avons tenté des expériences qui demandaient toujours plus de confiance mutuelle, et celle-ci s’est renforcée, la peur s’effaçant peu à peu pour laisser place à une formidable complicité.
A pied, la confiance, le respect et le plaisir étaient acquis au bout de quelques mois. Le retour au pré de Vega ayant biensur bien aidé, puisque ses sorties quotidiennes lui permettaient de dépenser son trop plein d’énergie, et le laissaient disponible dans son esprit pour les séances avec moi. Cette remise au vert m’a également permis de constater le niveau d’attachement de mon Vega, qui m’accueille chaque jour par un grand galop et parfois des hennissements graves et doux de bienvenue…
Restait encore à franchir la fameuse étape de remonter mon doudou. J’avais repris quelques cours de poney dans une structure très encadrée en avril et en mai… mais je ne voulais plus monter les chevaux des autres. Surtout les chevaux de propriétaires. Faby m’avait déjà fait franchir un grand pas en me proposant de monter Bambu, et la séance avait été merveilleuse et m’avait fait ressentir des sensations perdues depuis longtemps.
Faire une pause avec la monte m’a fait le plus grand bien. Les ballades à pied avec Vega, parfois longues et physique, sa gentillesse, et le climat de sécurité régnant dans ma pension m’ont redonné l’envie de monter, de LE monter, de vivre ces sensations sur son dos, et de devenir enfin ce centaure dont je rêvais étant petite…
J’avais toujours peur, mais, à la différence des mois précédents… j’avais aussi ENVIE ! Et cette envie et la confiance que j’avais développée à pieds avec mon loulou m’ont donné le courage de le faire.
Lorsque j’ai mis le pied à l’étrier, la premiere fois, je tremblais, j’étais tendue, lui aussi, mais son regard était bienveillant. Crispés tous les deux, comme étirés par le même fil d’appréhension, nous avons esquissé quelques pas dans notre nouvel état de Centaure… et un immense sourire mêlé de larmes a illuminé mon visage…
Pour la première séance, une amie m’a tenu Vega quand je suis montée, puis elle l’a tenu en longe quelques pas pour enfin me libérer, seuls tous les deux à la dérive.
Pour la deuxième séance, elle l’a tenu quand je suis montée dessus, et est restée pour regarder le déroulement de ma reprise. Pour la troisième séance, elle l’a simplement tenu quand je suis montée puis elle est repartie.
Hier, je suis allée seule dans la carrière avec mon loulou, je l’ai monté, la séance était formidable, les sensations, uniques !
Nous étions tous les deux, il est calme, à l’écoute, réactif. Aucune réaction de défense quand je suis sur dos. Nous passons les transitions d’allure à la voix uniquement, ou au poids du corps. C’est incroyable. Moi qui avais peur que notre relation montée ne ternisse la belle confiance et notre complicité, et bien, tout au contraire, elle l’a renforcée. Vega aime le travail monté, il me demande le trot, le galop (que je ne lui donne pas encore), dans le calme, on sent qu’il a envie, je le sens. Il est heureux. Et moi aussi. Je le laisse rennes longues, sur l’encolure, il respecte. Ces dernières séances me motivent davantage à orienter mon cheval vers le TREC (sans les obstacles bien sur), car je vois bien qu’il se donne à fond quand il est motivé, et l’extérieur, il adore cela ! Je pense que nous attaquerons le dressage, le vrai, bien plus tard. Travail sur le plat et assouplissements, oui, pour être aux ordres, pour apprendre quelques nouveautés et entretenir sa curiosité. Mais surtout, lui faire plaisir, qu’il se fasse enfin plaisir. Il a tant de cœur, tant à donner… Je ne pensais pas pouvoir avoir un tel niveau de confiance avec un cheval…
Il y a aussi une personne à qui je voudrai rendre hommage, (parmi tant d’autres d’ailleurs, dont certains champions de Haribos qui se reconnaitront), c’est Sandrine, la propriétaire de ma pension. Elle a su nous accompagner avec Vega depuis le début, et nous rééduquer, lui comme moi. Elle m’a poussé en douceur à lui faire confiance, n’hésitant pas à prendre ma place dans mes moments de peurs, pour me montrer que TOUT était possible. Elle a si bien su soigner mon cheval, me conseiller, me rassurer aussi. Vraiment, c’est un immense MERCI que j’ai envie de lui dire aujourd’hui, car elle a su chaque jour me comprendre, m’accepter et m’aider, avec mes peurs, mes angoisses, mon ignorance… et sans elle, entre autres, je ne sais pas si je serai allée au bout.
mardi 11 septembre 2007
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